Témoignage de Nassima

"Je viens de recevoir un email de mon frère, Fayaz, ce matin. Tout le monde va bien. Pas d'inquiétude, donc. Il dit qu'ils ont été complètement surpris par le tremblement de terre et qu'ils n'étaient pas prêts pour ça, tout en précisant qu'on ne l'est jamais... Il précise que les districts de Baramulla et Kupwara sur les zones frontalières (côté indien) ont été fortement touchés.

Depuis samedi, nous savions aussi que la famille Kotroo à Srinagar se porte bien. Nous avons eu Ahmed, le frère de Mamma, au téléphone samedi soir. Sous le choc mais en vie. La nuit de samedi à dimanche, ils n'ont pas dormi, par peur de nouvelles répliques.

Shaka, une nièce de Mamma qui a accouché d'une petite fille il y a 6 jours, se trouvait encore à l'hôpital au moment du tremblement de terre. Les gens se sont enfuis de l'hôpital en courant, se marchant dessus... Heureusement, l'hôpital a tenu, et Shaka qui ne pouvait pas se lever, est restée dans sa chambre. Elle était entourée de plusieurs de ses oncles et tantes. Le fait de rester là où ils étaient leur a sûrement sauvé la vie...

Rafiq, un autre neveu de Mamma qui s'occupe du bateau a vu l'eau du lac Dal « bouillir »... Heureusement, le bateau (source principale de revenus) est intact.

Et à Baramulla, à l'hôpital St-Joseph, Sr Elaine va bien aussi. Notre ami belge, Paul Beersmans (Belgian Association for Solidarity with Jammu and Kashmir : www.basjak.org), a su la contacter par téléphone samedi soir. Et nous avons reçu un email ce matin. L'hôpital n'a pas trop souffert. Ils sont actuellement en train d'organiser les secours et l'école qui se trouve à côté de l'hôpital va servir de camp de réfugiés pour tous ceux qui, sur Baramulla et alentours, sont sans logement.

Cette région du monde est connue pour la densité de son activité sismique, même si cette fois, la terre a tremblé bien plus que de coutume...

L'épicentre se trouvait côté pakistanais, près de la capitale du Cachemire pakistanais, à Muzzafarabad, ville dont il ne reste presque rien.

Le nord du Pakistan est dévasté, beaucoup de villages sont complètement isolés. Idem au nord de l'Afghanistan. Les morts se comptent par dizaines de milliers mais rien n'est encore suffisamment précis. C'est d'ailleurs troublant de constater qu'il y aurait 17.000 morts côté pakistanais et « seulement » 1000 côté indien.

N'oublions pas que cette catastrophe naturelle s'inscrit dans un contexte politique et militaire délicat. Il n'est pas certain que du côté des autorités indiennes les chiffres ne soient pas manipulés. La difficulté est que les gens sur place ont peu d'informations sur ce qui se passe et cela demandera sans doute encore du temps avant d'y voir clair. On peut aussi se poser la question des pertes encourues par les militaires indiens, d'une part, et par les différentes factions de militants indépendantistes, d'autre part....

On verra quelle influence cette catastrophe naturelle aura sur la suite des événements politiques et armés... Pour l'heure, les frères ennemis suspendent ce qu'on appelle communément « la question du Cachemire » et s'entraident. On peut espérer que l'équipement dont dispose l'armée sera, pour une fois, utilisé à bon escient...

Ce qui compte maintenant, c'est l'organisation des secours. Beacoup de déplacements doivent se faire par hélicoptère pour pouvoir atteindre certaines zones reculées. De nombreux routes et ponts sont bloqués ou se sont effondrés. Les glissements de terrain causent d'énormes dégâts, détruisant les petites maisons d'argile. De plus, il commence à faire froid. En hiver (dans un bon mois), les températures descendront jusqu'à -20° et il ya aura 4 mètres de neige.... La priorité est donc de donner aux gens un abri au plus vite.

Voilà, en résumé, ce qu'on peut dire pour l'instant. C'est un choc énorme pour cette région du monde qui se serait bien passé d'une telle catastrophe.

Toutes nos pensées et nos prières accompagnent les familles des victimes au Pakistan, en Afghanistan, et bien sûr, au Cachemire... "

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