Entre crise humanitaire et enjeux politiques...

Plus tôt ce mercredi, de nouvelles secousses d'une haute intensité se sont fait sentir, provoquant des glissements de terrain et ralentissant le travail des secouristes. Un vent de panique a soufflé, les traumatismes grandissent...



Date du Cliché: 19 août 2005
Lieu: Inde, Cachemire, Yusmarg
Matériel: Canon EOS 3000 - 300 mm - Ilford HP5+


Depuis le début du tremblement de terre, une question fondamentale se pose : cette catastrophe naturelle pourrait-elle influencer l'avenir du processus de paix entre l'Inde et le Pakistan? Depuis le 8 octobre dernier, nos sentiments liés à la gestion de la crise humanitaire au Cachemire passent par la colère, l'espoir, la honte, le pessimisme, l'espoir à nouveau, l'incrédulité...

L'Inde a tout d'abord proposé son aide au Pakistan tout en refusant elle-même toute intervention internationale. Le Pakistan s'est montré hésitant pour finalement refuser les hélicoptères indiens, pour des raisons de sensibilités militaires discutables.

Ce refus est bien intégré par les groupes religieux et militants actifs au Cachemire pakistanais car il s'incrit dans la politique d'opposition à l'Inde à qui l'on reproche, entre autres, d'incessantes violations des droits de l'homme au Cachemire indien.

Tout récemment, le Pakistan a proposé d'ouvrir la frontière partageant le Cachemire en deux (la Ligne de Contrôle) afin de permettre à de nombreuses familles de partir à la recherche de leurs proches disparus de l'autre côté... ll faut savoir que la route reliant Srinagar (côté indien) à Muzzafarabad (côté pakistanais) était fermée depuis près de 60 ans. (Notons d'ailleurs au passage, qu'il s'agit d'une zone hautement minée par endroits).

Le 7 avril dernier, le Cachemire a vécu un moment historique avec la réouverture de cette route, essentielle d'un point de vue économique mais aussi et surtout humain puisqu'elle a permis à des familles entières de se retrouver. Un service de bus a été mis sur pied, permettant à quelques élus de se rendre de l'autre côté de chez eux... Ce ne sont que les premiers pas et il n'est nullement question de paix durable pour l'instant...



Date du Cliché: 19 août 2005
Lieu: Inde, Cachemire, Yusmarg
Matériel: Canon EOS 3000 - 300 mm - Ilford HP5+


Que penser alors de la proposition du président Musharraf ? Effet immédiat : L'Inde acquièsce (même si elle exige des garanties concernant la mise en place d'une telle mesure) et avec elle, la majorité de la communauté internationale. Tout le monde se réjouit et croit encore que ce séisme peut rapprocher les frères ennemis. Et pourtant...

D'une part, le président pakistanais, vivement critiqué pour sa gestion de la crise humanitaire et pour son refus de coopérer avec l'Inde, se refait sans doute une image.

L'Inde profite probablement aussi de cette occasion pour montrer toute sa bonne volonté. Cependant, si les deux pays semblent sur le point de s'entendre sur le plan opérationnel, les implications politiques demeurent. En effet, sachant que le principal reproche de l'Inde au Pakistan est de ne pas empêcher les infiltrations de militants au Cachemire indien, accepter une réouverture aussi soudaine semble fort curieux... A quel prix se fera-t-elle ? D'autre part, on peut se demander si ces deux pays s'intéressent réellement à leurs populations en danger ou bien si ce sont leurs intérêts territoriaux dans la région qui priment...

Car au-delà de ces considérations politiques, militaires et stratégiques, la question humanitaire est prise en otage... Faut-il encore le rappeler ? De part et d'autres de la frontière, les victimes attendent toujours les secours, craignant le froid, la maladie et la mort. Les organisations humanitaires, chapeautées par les Nations Unies, parlent de « cauchemar logistique ». Manque d'argent, manque de moyens, course contre la montre,... « Pire que le tsunami ! », dit-on.

On peut peut-être espérer que la réouverture de la frontière facilite au moins l'acheminement des secours mais rien n'est encore fait... Le bilan des morts, qui s'alourdit de jour en jour, pourrait bien se révéler innomable. On parle actuellement de 50.000 morts au Pakistan (la plupart en Azad Cachemire) et 1400 au Cachemire indien. Cela n'inclut pas les corps pris sous les débris et les villages où aucune aide n'est encore parvenue...

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